Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
France/ Chine - xiaopingguo
16 janvier 2017

ZHOU YOUGUANG

Né sous le dernier empereur de Chine, le linguiste Zhou Youguang est mort samedi à l'âge de 111 ans à Pékin: père du "pinyin", l'écriture latinisée du chinois devenue aujourd'hui universelle, il était un critique déclaré et censuré du régime communiste. M. Zhou est décédé samedi à son domicile, un jour après avoir célébré son 111e anniversaire, a annoncé la presse d'Etat chinoise. "Il a survécu à plusieurs époques et éclairé les gens ordinaires", commentait dimanche le Quotidien du peuple. Zhou Youguang est connu comme le principal concepteur du "pinyin", un système de transcription dans l'alphabet latin des caractères chinois, introduit dans les années 1950 en République populaire, et qui s'est imposé dans le monde. La vie de cet érudit a épousé tous les bouleversements de la Chine au XXe siècle. Né en 1906 dans une famille aristocratique, Zhou a connu les dernières années de la dynastie des Qing avant son renversement et les turbulences révolutionnaires. Etudiant à Shanghai (est), il finira par travailler dans la banque à New York (nord-est des Etats-Unis) après 1945 pour fuir la guerre civile. A la victoire de Mao Tsé-toung en 1949, il rentre en Chine et se voit chargé en 1955, en tant que linguiste amateur féru d'esperanto, d'élaborer une translittération des sons du mandarin pour en faciliter l'apprentissage: il n'est en effet pas possible de savoir comment lire les caractères sans avoir mémorisé au préalable leur prononciation. Le pinyin a joué un rôle crucial pour diffuser le mandarin et faire chuter l'illettrisme dans le pays, et s'est avéré essentiel pour intégrer l'écriture chinoise aux interfaces informatiques. Envoyé à la campagne durant la Révolution culturelle, Zhou Youguang était aussi depuis sa retraite un critique farouche du régime communiste. "Honnêtement, je n'ai rien à dire de bon sur Mao Tsé-toung", avait-il confié en 2015, alors âgé de 109 ans, dans un entretien à l'AFP, en déplorant deux décennies "perdues". L'intellectuel vivait dans un modeste appartement pékinois encombré de livres. Lui-même avait publié depuis son centenaire une dizaine d'ouvrages, où la censure avait exigé des coupes sombres. Il y défendait notamment avec virulence l'idée que les réformes économiques engagées sous Deng Xiaoping dans les années 1980 n'étaient rien sans changement politique. "Après 30 ans de réformes économiques, la Chine doit encore prendre le chemin de la démocratie, c'est la seule voie", avait assuré à l'AFP le dissident sans doute le plus âgé de la planète. Le problème n'est pas l'actuel président Xi Jinping, qui a largement durci la répression des intellectuels, avait-il expliqué, parlant lucidement bien qu'avec difficulté. "C'est le système: nous n'avons pas de liberté de parole en Chine". Il avait néanmoins rappelé une leçon héritée des années noires de la Révolution culturelle: "Quand êtes dans l'adversité, vous avez intérêt à être optimiste. Les pessimistes ont tendance à mourir". AFP

Publicité
Publicité
Commentaires
France/ Chine - xiaopingguo
Publicité
Archives
Publicité